John Ronald Reuel TOLKIEN
(1892-1973)
Biographie:
John Ronald Reuel Tolkien est né en 1892 à Bloemfontein, en Afrique du Sud où son père Arthur avait déménagé pour raisons professionnelles. En 1895, sa mère Mabel retourna en Angleterre avec Ronald et son frère cadet Hilary. Son père meurt en 1896 et sa mère en 1904. A la King's Edward School, il découvrit ses talents linguistiques et étudia les anciennes langues anglo-saxonnes. Il fut diplômé d'Oxford et épousa Edith Bratt juste avant de partir pour la France en juin 1916 comme sous-lieutenant des Lancashire Fusiliers. Il combattit pendant la bataille de la Somme mais fut ensuite rapatrié pour avoir contracté la fièvre des tranchées. Il consacra les années suivantes à son travail d'enseignant en tant que professeur d'anglo-saxon et se révéla bientôt comme l'un des meilleurs spécialistes de philologie du monde. En marge de sa carrière académique, il continuait d'écrire un grand cycle de mythes et légendes situées dans un monde imaginaire appelé Terres-du-Milieu, qu'il avait entâmé dès son adolescence. Il eut quatre enfants, pour qui il écrivit d'abord Bilbo le Hobbit en 1936. Celui-ci fut publié et ce fut aussitôt le succès, si bien que son éditeur réclama une suite. Tolkien travailla 14 ans à l'élaboration de cette suite, Le Seigneur des Anneaux, dont le premier tome ne parut qu'en 1954, et qui remporta un succès phénoménal dans tous les pays.
Tolkien prit sa retraite à Bournemouth, où sa femme mourut en 1971 et où lui même décéda le 2 septembre 1973, laissant à son fils Christopher la tâche gigantesque mais passionnante de publier, notamment sous la forme d'un récit suivi et cohérent (Le Silmarillion), la masse énorme de manuscrits qu'il avait accumulé tout au long de sa vie.
Oeuvre:
En plus des ouvrages de philologie publiés dans le cadre de son activité professionnelle, Tolkien est surtout connu pour sa formidable oeuvre de fiction. Celle-ci, outre des contes pour enfants, est surtout composée d'un extraordinaire cycle de légendes où résonnent, à peine voilés, les échos des mythologies nordiques, celtiques et germaniques, dans un monde magique, propice aux quêtes héroïques et autres tragédies épiques. S'étalant sur près de 70 ans, développé sans interruption depuis l'adolescence jusqu'à la mort, ce cycle compte parmi les travaux les plus grands effectués par un auteur du XXe siècle, tous styles et registres confondus. Pendant toutes ces années, avec son amour du détail, Tolkien s'est attaché à construire de toutes pièces son propre monde imaginaire, destiné à être le théâtre des aventures qui hantaient ses rêves. Il lui a donné, entre autres, un nom (Arda), des divinités (Eru et les Valar), des peuples (les Elfes, les Hommes, les Nains, les Hobbits...) et des créatures qui lui sont propres (les Ents, les Balrogs, les Dragons...). Logiquement, le point le plus travaillé fut les langages appartenant à chacune des races, surtout aux elfes. Tolkien a mêlé tout cela en une immense fresque relatant des quêtes et des aventures qui se succèdent sur fond de combat incessant du Bien contre le Mal, où le destin est un concept essentiel.
Très tôt il commença à mettre par écrit certains des événements se déroulant dans ce monde, notamment sous forme de longs poèmes et de récits indépendants. Peu à peu, au fil des idées rapidement jetées sur le papier et développées ensuite, l'univers tolkienien gagna en richesse, en complexité et en cohérence. Mais rapidement, Tolkien s'aperçut que le travail dans lequel il s'était lancé était trop gigantesque et qu'il serait en constant état d'inachèvement. Pourtant, véritable perfectionniste et maniaque du détail, Tolkien rédigea parfois une dizaine de versions différentes d'un même texte. C'est pourquoi son oeuvre fut une oeuvre vivante, en perpétuel changement.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette oeuvre si merveilleuse, mais on peut la résumer en affirmant que, si Tolkien n'est pas le véritable inventeur de ce qu'on appelle l'Heroic Fantasy, il a tout au long de sa vie tellement exploré le genre, que pratiquement tout ce qui a été fait depuis dans le même domaine, quand ce n'est pas de l'imitation pure et simple (Dungeons & Dragons par exemple), a toujours un léger arrière-goût de plagiat.
Bibliographie sommaire : (ne sont cités ici que les ouvrages publiés en français et dont l'histoire se situe dans les Terres-du-Milieu)
- Oeuvres publiées du vivant de l'auteur :
Bilbo le Hobbit
: premier roman de Tolkien, écrit en 1936, d'abord comme un
conte pour enfants. Mais ce n'est qu'après sa publication que
Tokien réalisa que "Bilbo"
pouvait être inclus dans la grande mythologie des
Terres-du-Milieu qu'il écrivait depuis déjà longtemps.
Anecdote célèbre concernant la conception de ce livre : c'est
en corrigeant des copies que Tolkien écrivit sur l'une d'elles
"Dans un trou vivait un hobbit", qui devint la
première phrase de ce roman racontant la quête de treize nains
et d'un hobbit pour récupérer le fabuleux trésor gardé par le
féroce dragon Smaug, dans les cavernes d'Erebor, la Montagne
Solitaire.
Le Seigneur des
Anneaux : oeuvre maîtresse de Tolkien, classique
de l'Heroic Fantasy par excellence, cette trilogie relate avec un
foisonnement de détails rarement égalé les évènements ayant
lieu dans le nord-ouest des Terres-du-Milieu à la fin du
Troisième Age du monde, c'est à dire la guerre que mènent les
peuples libres contre Saroumane, le magicien déchu, et Sauron,
le Seigneur des Ténèbres, et la quête qu'entreprennent le
hobbit Frodon et ses compagnons pour détruire un objet magique :
l'Anneau Unique.
Ce roman, à l'origine juste une suite pour Bilbo le
Hobbit, fut travaillé pendant 14 ans. Emporté par
son histoire, Tolkien ne se contenta pas de développer les
personnages et les évènements apparemment anodins décrits dans
son premier roman, mais construisit une grande épopée
fantastico-médiévale, s'incluant parfaitement dans sa
mythologie plus vaste.
Les aventures de Tom Bombadil : recueil de poèmes relatant les aventures d'un personnage apparaissant furtivement dans le Seigneur des Anneaux : Tom Bombadil. Ce livre, agrémenté de personnages hétéroclites et de références à des aspects peu connus de la mythologie, peut paraitre étrange, voire déroutant, pour qui n'a lu que Bilbo le Hobbit ou le Seigneur des Anneaux. Publié en édition bilingue, il perd tout son intérêt, qui réside dans la consruction des poèmes, si on le lit dans sa version française.
- Oeuvres posthumes
Le Silmarillion : publié en 1977, soit quatre ans après la mort de son auteur, ce livre est dû en grande partie au travail de Christopher Tolkien, qui dut rassembler en un récit cohérent les nombreux manuscrits de son père. Ceci imposa des choix et des sacrifices, et de nombreux détails durent être supprimés, d'où la cruelle impression de "simple résumé" qui ressort à la lecture de ce livre. D'un style tout à fait différent de celui du Seigneur des Anneaux, presque rebutant la première fois, ce livre est l'idéal pour découvrir la réelle dimension de l'oeuvre de Tolkien, un peu estompée par le succès de la célèbre trilogie. Le Silmarillion raconte l'épopée tragique des Enfants d'Illuvatar à travers les Ages du Monde et leur éternel combat contre Morgoth, le Valar noir, une histoire gigantesque dont les évènements de la fin du Troisième Age ne constituent qu'une infime partie. C'est également dans ce livre qu'on trouve les plus beaux passages de toute l'oeuvre de Tolkien, comme Beren et Luthien ou l'histoire de Turin et du Dragon, deux récits qui à elles seules font du Silmarillion bien plus qu'un simple livre d'Heroic Fantasy : une mythologie passionnante et poignante, qui embrasse des siècles entiers de lutte entre le Bien et le Mal.
Les Contes et
Légendes Inachevées : divisé en trois parties
consacrées chacune à un Âge des Terres-du-Milieu, ce recueil
est, comme sont nom l'indique, composé de textes restés
inachevés. Dans les contes du Premier Âge, on trouve des
variantes de deux parties du Silmarillion
: l'histoire de Turin et celle de Tuor. La partie Second Âge
s'attache à détailler les histoires de Numenor et de la Lorien.
Quant au Troisième Âge, il est consacré à des sujets très
divers, surtout en rapport avec les évènements du Seigneur des
Anneaux, tels que des précisions sur la mort d'Isildur, sur
l'amitié entre le Gondor et le Rohan ou sur les Istari.
Accompagnées d'appendices explicatifs de Christopher Tolkien,
ces versions sont des alternatives particulièrement
intéressantes aux parties correspondantes dans le Silmarillion
et le Seigneur des Anneaux car elles sont infiniment plus
développées et détaillées. En particulier pour le Premier
Âge, car est levé en partie la frustration découlant de la
lecture du Silmarillion.
Cependant, à cause de leur caractère de complément, les
Contes et Légendes Inachevés sont à
déconseiller avant d'avoir lu au moins le Seigneur
des Anneaux et le Silmarillion.
Le Livre des Contes
Perdus (T. 1 et 2) : publiés que très récemment
en français, ces deux tomes sont pour le moment les seuls à
avoir été traduits de la série de l'Histoire des
Terres du Milieu. Reprenant le concept des Contes
et Légendes Inachevés, c'est-à-dire présenter
des textes inédits accompagnés de notes , cette gigantesque
anthologie de treize volumes s'étend sur toutes les époques de
l'univers décrit par Tolkien, de la Création du Monde au
Quatrième Âge. Les manuscrits qui composent les livres de cette
série sont souvent des variantes de textes exitants déjà ou
des précisions et des essais qui furent écrits par Tolkien
après la publication des évènements auxquels ils se
réfèrent, à l'occasion d'une correspondance ou en vue d'une
autre publication ultérieure. C'est ainsi qu'on peut y trouver
parfois quatre ou cinq variantes d'un même passage, et certains
des grands textes épiques auxquels il est simplement fait
référence dans le Silmarillion ou les Contes ; par exemple le
lai de Lethian et la Geste des Enfants de Hurin : les versions
poétiques des histoires de Beren et Luthien et de Turin et
Glaurung.
Le premier tome du Livre des Contes Perdus est consacré au
développement de la mythologie des premiers temps des Terres du
Milieu : la création du monde, les Valar, la venue des Elfes, la
chute des deux arbres de Valinor, l'apparition du Soleil et de la
Lune, la fuite des Noldor. Ce premier volume s'achève sur la
venue des Hommes.
Le second tome propose une version fondamentalement différente
de l'Histoire de Beren et Luthien (où Beren est un Elfe !), une
autre de Turin et Glaurung, et les seuls récits réellement
complets du Collier des Nains et de la Chute de Gondolin.
Ces livres sont sans aucun doute parmi les plus difficiles à
lire de l'oeuvre de Tolkien, mais peuvent être aussi les plus
intéressants pour les passionnés.